Wednesday, December 23, 2009

Qu’est-ce que Noël?


« Il faut dire, avant tout, que Marley était mort. Là-dessus, pas de doute possible. Le registre mortuaire avait été signé par le pasteur, son clerc, l’entrepreneur des pompes funèbres et le principal deuilleur. Scrooge l’avait signé. »

Charles Dickens, 1843.

Pour beaucoup de gens, Noël est une fête avant tout familiale. Erratum.
Familiale ET commerciale.
Mais pourquoi devrait-on attendre Noël pour voir les gens aimés? Ne devrions-nous pas le faire tout au long de l’année?
Évidemment, il y a tous les impératifs de nos vies actives passées à courir en un sens et dans l’autre. Qui a le temps? Personne. Et sommes-nous à ce point intéressés à voir ce vieil oncle ivrogne plus d’une fois par an? Peut-être pas.
Cependant, force d’admettre que nos rapports sociaux sont bien différents de ceux du passé. Nous sommes, en général, beaucoup plus individualistes que nos prédécesseurs.

Heureusement que tout ne change pas.

Noël est donc une fête de traditions. L’occasion de se rappeler à quel point il est bon vivre entouré de sa famille et de ses amis. L’occasion de se souvenir.
Se souvenir de quoi?

La réponse est personnelle à chacun de nous.

Pour moi, c’est avant tout la naissance du Christ.
En effet. Je l’avoue. Je suis croyant.
Quel tabou!
Sans être membre d’aucune secte religieuse, ni adepte au point de passer mes dimanches à l’Église, je suis tout de même très religieux. À chaque Noël, j’écoute certaines parties de Jésus de Nazareth et de La passion du Christ. Effectivement, les larmes à l’œil.
Et puis pourquoi pas? Noël, c’est ça, après tout.

Et comme je soutiens que Noël est le plus grand jour du souvenir en Occident, c’est que je suis donc attaché à tout un tas de mémoires disparates. Tout un tas d’esquisses différentes qui m’emplissent chaque année de joie.

Au sommet de cette liste trône The Muppet Christmas Carol avec Gonzo, les fantômes de la famille Marley, ainsi que du terrifiant Ebenezer Scrooge. J’aime bien également The fool of the world and the flying ship, cette histoire d’un paysan russe demandant en mariage la fille de Nicolas II, aidé de ses amis, tous possédants de fabuleux pouvoirs.
Et puis comment oublier Ciné-Cadeau? La ballade des Daltons? Ou bien Astérix et la surprise de César?
Noël, c’est aussi beaucoup de chansons. Et pour moi, rien ne peut surpasser les cantiques exprimés lors de la messe de minuit. Lors de ma plus belle célébration.
Donc, du Robert Marien. Ça bergers assemblons-nous, Minuit Chrétien, Venez divin Messie, etc.
Et puis comment oublier le plus beau des cantiques? Noël à Jérusalem d’Enrico Macias.
Au fait, Noël n’est pas seulement que religieux n’est-ce pas?
Ajoutez donc à ma liste musicale : Le Père-Noël s’tun québécois et Deck the Halls.

Quoi d’autre?

La tourtière, les petits gâteaux décorés avec du crémage aux couleurs des lutins du pôle Nord, le Grand-Marnier.
Quoi d’autre encore?
Attraper des macaronis, une cuiller dans la bouche; le sapin tout décoré, les enfants jouant avec le nouveau jouet de l’heure, les salades de macaronis servis à deux heures du matin.
Noël c’est tout ça.

Et puis pourquoi pas?

Heureusement que tout ne change pas.

Thursday, December 17, 2009

Officiellement, le pire film de l’année!


Inglorious Basterds.

Jamais je n’aurais songé à écrire ici une critique de film. Jamais.
Mais ce film fut si mauvais, si exécrable, que je ne pouvais passer outre l’opération d’en fustiger ici la grandiose démesure d’inexactitude et d’avilissement théâtral.
Et dire que je souhaitais voir ce film depuis longtemps!
J’ai finalement pris la décision prophétique d’attendre sa sortie en DVD, plutôt que de dépenser inutilement pour l’achat d’un popcorn et d’un grand Pepsi.

Alors, qu’est-ce que Inglorious Basterds?

Un fantasme éperonné de dégoût, surplombé d’une couche de crème idyllique patriotique américaine.
Le « commando des bâtards » est une unité de combattants des États-Unis dont le but principal est de massacrer le plus de soldats nazis possible.
Jusque-là, presque louable.
Si, évidemment, on considère « honorable » le fait de tuer de simples soldats et caporaux qui n’avaient rien à voir, ni gré d’aucune des opérations d’Auschwitz-Birkenau.
Mais il y a particulier. Très particulier.
Les soldats de ce commando d’épouvante, caricatures évidentes de l’idiot usuel vivant aux États-Unis et prêchant par Guantanamo et la suspension des droits et libertés pour les communautés musulmanes, est un commando qui ne doit tuer ses victimes qu’en scalpant littéralement les têtes des pauvres diables traversant le chemin de cette sinistre unité.

Légalisons la vengeance arbitraire et la torture, pourquoi pas?
Le Canada l’a déjà fait me direz-vous?

Revenons.

Non content de semer la terreur en Allemagne, ce commando des bâtards participe donc à une héroïque opération visant à brûler vif les hauts dirigeants et dignitaires nazis.
Goebbels, Bormann, Hitler, Goering, etc.
Et devinez quoi?
Ils y parviennent!
Seigneur!
Quel fantasme!

La réalité est bien loin de cette rêverie adolescente. Q. Tarantino, en bon patriote cynique et un peu idiot, réussit là où l’Armée américaine a pourtant échoué. Qui a mis fin à la guerre? Le pompeux Patton ou bien l’Armée rouge?
Exact.
Sans les Soviétiques, l’Allemagne serait toujours nazie.
Dossier clos.

Alors, comment se termine ce film?
En queue de poisson.
Le colonel SS, figure de proue d’intelligence et de manipulation, devient soudainement à la fin du film le plus ridicule imbécile de toute l’Allemagne, en tombant à pieds joints dans le plus prévisible et plus grotesque guet-apens de l’Histoire du cinéma.

Bravo! Clap! Clap!

Qui finance depuis des années des dictateurs, tout en prêchant en même temps la démocratie?

Exact. Les États-Unis.

Beau film de propagande, Mr Goebbels.
Oups! Tarantino!

Tuesday, November 24, 2009

Halloween, 3ième partie!

Bon sang! Je n'ai plus le temps de rien faire!
Avec toutes mes excuses, voici la finale de mon histoire d'Halloween.
Bonne lecture!

Dorval (partie 3, 24 novembre 2009)

« Je repars d’ici. Tout de suite ! »
Yann posa sa chétive main sur la poignée de porte glacée.
Un déclic. Rien d’autre.
La porte était maintenant verrouillée.

« Wow ! Vous avez vu la taille de cet escalier ? »
Kevin avait maintenant les yeux tout-à-fait habitués à la pénombre. En outre, il ne s’aperçut pas le moins du monde que Yann était toujours figé devant la porte.
« Je me demande ce qu’il peut bien avoir en haut. Merde, regardez tous ces anciens meubles. »

Yann aurait voulu parler. Il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait plus. Il était complètement paralysé par l’effroi.

« Cette chaise doit bien avoir mille ans. Regarde ça Kev ! »
Nicolas contemplait une vieille chaise de bois, ternie et pleine de fils d’araignée.
Il reprit : « Yann, regarde ça !
— Yann ? »
Kevin s’était tourné lui aussi.
« Yann, qu’est-ce que tu fiches là ? Viens voir ! Il n’y a personne ici.
Alex fut le premier à se précipiter vers son frère. Ses yeux trahissaient l’inquiétude, l’anxiété.
« Yann, ça ne va pas ? Qu’est-ce qu’il y a ?
— Partir… Je veux partir.
— Qu’est-ce qu’il y a ? Yann ! Tu commences à me faire peur ! »
Mais Yann n’arrivait plus à trouver la force de parler davantage.
Son frère ne savait plus quoi dire ni quoi penser. C’était maintenant lui le plus brave de la famille.
Steve donna un grand coup dans le dos de son ami.
« Qu’est-ce que tu fous, merde ?
— Je crois que ça ne va pas. Regarde-le. »
Nicolas semblait également ne pas comprendre les craintes de Yann.
« Yann, dis-moi ce qui se passe. Dis-le moi. »
Kevin regardait droit dans les yeux de son meilleur ami. Des yeux qui semblaient complètement éteints. Il n’y eut aucune réponse.
« Parle-moi Yann ! Parle-moi ! »
Kevin perdait patience. Il n’avait jamais vu son ami de cette façon.

De longues minutes passèrent, de longues minutes de silence.

« Je crois que je n’ai plus le goût du tout de visiter cette maison. »
C’est Alex qui venait de préciser cela.
Tous acquiescèrent.
Alex tourna le dos à Yann, maintenant assis sur le sol, et tourna la poignée de porte.
La porte s’ouvrit.

Yann ne se préoccupait plus de rien. La porte qu’il avait tentée d’ouvrir quelques instants plus tôt était maintenant ouverte. La citrouille n’était pas tournée vers l’intérieur, mais bien vers le petit sentier.
Aucune importance.
Yann était foudroyé.
Il voyait toujours son frère et ses deux amis, mais comme éperdus dans un étrange brouillard. La peur avait été si vive, que l’esprit de Yann avait cru bon faire disparaître la crainte sous d’étranges rêveries plus rassurantes.
Un champ d’orge. Un feu derrière la maison.
De jolis souvenirs.

« Comment le transporter ? »
Alex, dans l’entrebâillement de la porte, fixait les amis de son frère.
« Attendez ! Peut-être pourrions-nous trouver un peu d’eau ? Pour essayer de le réveiller. Je ne sais pas moi…
De toute façon, nous n’arriverons jamais à le transporter. »
Nicolas se dirigea prestement vers l’intérieur de la maison.
Vers la pénombre.

Le vent froid s’engouffrait par la porte. Les trois bougies de la citrouille vacillaient de plus en plus.
Alex ferma la porte.

« Alex, reste avec ton frère. Moi et Nic on va essayer de trouver de l’eau. »
Kevin s’engouffra donc lui aussi vers l’intérieur de la maison.

Une scène bien étrange.
Yann était affalé sur un petit tapis poussiéreux placé tout juste devant l’ouverture de la porte. Son frère lui tenait le cou comme s’il eut refusé de se départir de son ours en peluche préféré. Autour, tout était obscurité, ténèbres.
Le silence était presque complet, rompu seulement par les bruits de pas et chuchotements de Kevin et Nicolas, alors qu’ils s’engagèrent dans le grand escalier de bois.
Yann n’était pas assoupi. Il rêvait à demi-éveillé, complètement interdit par la crainte.
Il songeait à une télé. Celle du salon.
Des dessins animés et un bon verre de chocolat chaud.
Sa mère se présenta devant lui et lui donna un baiser sur la joue. Et lui murmura que le dîner allait bientôt être prêt.
Yann s’en fichait, il écoutait les dessins animés. Popeye et Picsou.
Sa mère, mince et jolie, alla ouvrir la porte d’entrée principale.
« Je crois que tu devrais partir »
Partir ? Mais pour aller où ?
« La porte est ouverte, fiston ! »
Yann se retourna vers sa mère. Il se demandait pourquoi elle ouvrait la porte comme ça.
Il ne comprenait pas.
Partir où ?
La porte ?
La porte…

Yann revint à lui.
Alex avait ouvert la porte d’entrée, quelques minutes auparavant. Quelques minutes ou quelques heures ? Yann n’aurait pu le dire.
Chose certaine, il se rappelait à présent de tout. De la grimace de la citrouille, du chemin Dorval, du petit pont de bois.
De cette étrange maison.
Il fallait donc sortir. Mais où, bon sang, se trouvaient ses deux amis et son petit frère ?

Yann se leva, s’appuyant péniblement sur ce qui semblait être un antique porte-manteau.
Il regarda autour de lui.
Personne.
La porte était toujours verrouillée. Au dehors, les trois bougies étant éteintes, il était désormais impossible de distinguer la citrouille. Était-elle seulement encore là ?
Le sentiment de crainte de Yann s’estompa au profit de la nécessité d’urgence.
Il devait partir.
Il cria : « Hey ! Où êtes-vous ? »
Nulle réponse.
Yann scruta l’horizon. Aucun signe de vie.
Il se dirigea vers la pièce suivante et vers l’escalier.

La pièce était lugubre. De grands murs sombres garnis de ce qui semblait être tout un tas d’antiques tapisseries. Plusieurs meubles appartenant à une autre époque. De vieilles chaises, une table basse, une vieille penderie maintenant surannée.
Qu’était-ce que tout cela ?
Une espèce d’antichambre menant probablement vers la cuisine et le salon. Un « passage ».
Yann se demanda quoi faire. S’il se dirigeait vers la cuisine, il trouverait probablement une autre porte. Fermée ? Peut-être. Il prendrait alors quelconque arme contondante afin de briser la poignée ou une fenêtre. Et puis, en bas, il y avait encore un peu de lumière.
D’un autre côté, où pouvaient bien être ses amis ?
En haut ? Dans l’obscurité ?

« Yann ! Je suis en haut ! À l’aide ! »

C’était les cris de son petit frère, Alex.
Yann grimpa quatre à quatre les marches de l’escalier.

Les cris semblaient provenir de la première pièce à gauche, tout juste entrouverte, d’où s’échappait une odeur de soufre ainsi qu’une faible lumière jaunâtre.
Yann y entra.

Aucune description détaillée ne pourrait efficacement décrire ce que Yann vit à ce moment-là. Kevin et Nicolas étaient debout au fond de la pièce. La faible lumière d’une lampe à huile éclairait les visages de ses deux amis, qui n’avaient maintenant plus d’yeux. Leurs bouches étaient drapées de pièces de sombres tissus.
Du sang s’écoulait de leurs orbites vides.
Ils étaient morts.
Yann, cette fois, ne s’écroula pas. Il songea à quitter. À partir. À fracasser n’importe laquelle fenêtre qui se présenterait sur son chemin, afin de quitter ce lieu maudit.
Le sentiment d’urgence avait gagné.
Yann recula de quelques pas et se retourna, prêt à abandonner cet endroit à toute allure.
Mais il était trop tard.

Alex se tenait entre lui et la porte.

Yann s’écroula sur le sol.

Deux certitudes envahirent Yann en ce fatidique instant. La première est que cet Alex-là n’était pas son petit frère. La seconde, tout aussi importante, que les citrouilles d’Halloween étaient placées à l’intérieur des maisons. Pourquoi ? Pour protéger les occupants des esprits malveillants qui rôdaient au dehors.
Où était posée la citrouille de cette funèbre demeure ?
À l’extérieur.
Pour préserver les gens de ce qui se trouvait à l’intérieur de la maison.
Tout simplement.

Friday, October 30, 2009

Halloween, 2ième partie!


Voici, tel que promis, la deuxième partie de mon récit d'hier.

Soyez présent demain pour la conclusion ;)

Dorval (partie 2, 30 octobre 2009)

Les jeunes se mirent donc en chemin dans la nuit noire.
Les vélos laissaient de minces traces de sillons sur un sol de plus en plus recouvert de neige. Tout était silence. Au loin, il y avait bien quelques bruits saugrenus et étranges, mais rien de bien continu pour perturber le sentiment général qu’éprouvaient nos adolescents.
Un sentiment bizarre. Comme s’ils marchaient sur un sol jamais foulé auparavant. Comme s’ils entraient dans un lieu n’existant pas vraiment.
Le trajet parut à tous interminable. À chaque coude de la route, les même grands arbres menaçants, les mêmes talus obscurs se dessinant au loin.
Des ténèbres presque complets.
Pourtant, nos amis progressaient quand même plutôt bien. Ils se fiaient aux contours esquissés par la végétation qui longeait le chemin de terre, et par la lune qui montrait son nez au travers des épinettes et des sapins, telle une lanterne avancée au milieu des enfers.
Ils franchirent de petits ruisseaux à deux occasions. Il y eut également de grandes collines à gravir et, enfin, se retrouvèrent surplombant une large montagne, qui était située à plus de six ou sept kilomètres de leur point de départ.

« Hey ! Regardez ! Nous sommes arrivés au sommet de la grande colline ! Ne reste plus qu’à la descendre et nous serons presque arrivés ! »
Nicolas criait d’excitation. Les trois autres semblaient complètement exténués par l’effort physique.
« Nico, tu ne crois quand même pas que nous allons descendre cette montagne à vélo ?
—Non. Nous devrions les laisser ici et continuer à pied. »
Yann était satisfait de cette réponse.
Ils poussèrent alors les bicyclettes en bordure de la route et entreprirent de descendre à tâtons cet énorme escarpement.
Il était en effet impossible d’envisager tout autre scénario.
La dénivellation était vraiment trop grande et, de plus, était rendue glissante par toute cette neige tombée durant les dernières heures. Un camion ou un tout terrain aurait peiné gravir cet endroit, et ce, en pleine journée d’été.
Donc, ils descendirent. Ils chutèrent quelquefois. Il y eut aussi quelques roulades dans la neige. Kevin brisa même son pantalon en croyant toujours être sur le chemin, alors qu’en fait il s’avançait dans le fossé.
Tout en bas, notre quatuor se reposa un peu et continua vers le vieux pont de bois enjambant la rivière Dorval. Au-delà se trouvaient de fameuses chutes d’eau et, plus loin encore, les trois pics de glaise où Kevin était venu plus jeune pour amasser des framboises.

« Ce n’est pas par là, souligna Nicolas. Il faut prendre le petit chemin juste avant le pont. »
Décidément, Nicolas avait beaucoup plus de choses à dire qu’à son habitude.
Ils revirent alors sur leurs pas et, après quelques efforts, trouvèrent la bonne voie. Un petit sentier complètement dissimulé sous les branches d’arbres et les fougères gelées.
Nicolas s’engagea dans le sentier.
« Bon sang, mais qu’est-ce qui te prends ? tu es déjà venu ici ou quoi ? »
Yann ne semblait pas heureux du tout. Il commençait à avoir froid et, même s’il était pourtant le plus courageux du groupe, devenait de plus en plus craintif à l’idée de s’engager dans ce passage obscur.
Il ne savait trop pourquoi, l’obscurité commençait vraiment à lui faire peur.
De son côté, Nicolas ignora la question de son ami. Il se contenta de dire : « Venez ! Par ici ! »
Yann regarda Kevin, puis son frère. Kevin semblait fatigué et découragé. Le petit Alex, quant à lui, vaquait à certaines rêveries connues seules des enfants en bas âge.
Personne ne dit mot. Et, curieusement, comme s’ils étaient interpellés par le Diable lui-même, s’engagèrent dans le petit sentier.

L’attente ne fut pas très longue.
Ils virent la maison.
Une maison oubliée des cartes et des plans. Une maison oubliée des gens. Oubliée de Dieu…

Une grande victorienne du XIXe siècle, n’ayant absolument rien à faire là. Anachronique et inexplicable, certes, mais tout autant majestueuse. Tout de bois. De grandes lucarnes menaçantes et obsolètes. Un large porche surplombé par d’énormes poutres sylvestres. Peut-être du merisier.
Deux grands étages garnis çà et là de fenêtres aux grandes vitres rectangulaires.
Au devant, une massive porte sombre, donnant presque l’impression d’une bouche béante menant directement dans les entrailles d’un monstre.
Un monstre majestueux, tout-à-fait.
Mais aussi bien vieux.
Beaucoup de vitres cassées. Un bois grisâtre et craquelé. Une vieille poussière brune sur les marches menant au porche et sur les rebords des fenêtres.
Une partie de la cheminée était par ailleurs effondrée, laissant sur le sol un amas hagard de briques brisées.
Ajoutez à ce portrait une fine couverture de neige, une nuit ténébreuse et nuageuse, un silence très lourd et, disséminés un peu partout, maintes hautes herbes attisant le sentiment d’abandon et de réclusion.
Un tableau bien étrange.
Qui aurait voulu aller là-bas ?
Personne.

« Qu’est-ce que c’est ça ? »
Yann pointait un objet orange qui éclairait la devanture de la maison. Une faible lumière blafarde.
« C’est une maison, répondit Kevin.
— Non, je te parle de cet objet orange là-bas, devant la maison. »

Ils s’approchèrent donc tous les quatre.
Soudainement, Yann sentit son sang se glacer.
C’était une citrouille. Posée sur une table juste devant l’escalier menant au porche. Un effroyable rictus découpé à même la chair de la courge. Deux grands yeux triangulaires.
Trois bougies. Une à l’intérieur du fruit, les deux autres de chaque côté.

« Je n’aime pas ça du tout ! Merde, pourquoi y a-t-il une citrouille à cet endroit ?
Fichons le camp ! »
Kevin était vraiment en état de choc. Soudainement, il aurait bien aimé être ailleurs. Non pas devant cette maison et devant ce cauchemardesque ricanement jaune-orange ; mais dans les rues d’Alma, cueillant quelques caramels. La ville semblait si loin, maintenant.
Yann n’osait dire un mot. Complètement figé à la vue de la citrouille.
De son côté, Nicolas n’affichait plus dû tout son assurance de tout à l'heure. Il aurait voulu que son père soit là. Et pour une rare fois, il aurait préféré être loin de Yann.

Au loin, une chouette hurla. Quelques bruissements du vent dans les arbres.

« S’il y a une citrouille, c’est que les gens à l’intérieur distribuent des friandises ! »
Tout le monde se retourna vers Alex.
C’est incroyable comme les mots d’un enfant peuvent parfois dissiper toutes les craintes.
Soudainement, ils furent presque tous rassurés.
Presque.
Kevin frappa à la porte. Il n’y eut pas de réponse.
Ils entrèrent tout-de-même.

Au moment où la porte se ferma, on ne sait trop comment, Yann réalisa avec effroi que les seuls pas dans la neige étaient ceux de son frère et de ses deux amis. Comment quelqu’un aurait-il pu placer cette citrouille sur cette table ?
Yann se retourna, souhaitant repartir aussitôt.
Ce qu’il vit au travers de la fenêtre était au-delà de tout entendement humain.
La citrouille, auparavant tournée vers l’extérieur et le petit sentier, était maintenant tournée vers eux. Tournée vers l’intérieur de la maison.
Le cœur de Yann se glaça d’horreur.

Thursday, October 29, 2009

Halloween!


Comme c'est l'Halloween dans quelques jours, j'ai décidé de composer pour vous une petite histoire de circonstances. En trois parties. La première, intitulée : "Dorval (partie 1, 29 octobre 2009.)" est donc publiée aujourd'hui.

La seconde demain et, enfin, la grande finale ce samedi.

Bonne lecture!

Dorval (partie 1, 29 octobre 2009)

Le 31 octobre. La journée des morts.
Qu’est-ce qui pourrait bien effrayer de jeunes adolescents là-dedans? Tout le monde sait bien que l’Halloween n’est qu’une simple fête commerciale. Pour les plus jeunes, une quête pour amasser des sucreries pour le restant de l’année. Pour les plus vieux, l’occasion de relire Bram Stoker ou bien d’écouter le tout nouveau film d’horreur.
Une simple possibilité pour les gens de se distraire et se réchauffer un peu, alors que les fêtes de Noël sont encore très distantes; et que l’hiver est déjà à nos portes.
Une fête stupide, alors?

C’est bien ce que croyaient nos quatre amis qui se tenaient adossés sur les vieux montants d’une archaïque clôture de cèdre, par ce froid soir d’octobre.
Quatre jeunes, âgés entre neuf et quinze ans, pour qui la menace de fantômes et de sorcières ne représentait pas plus que les autres chimères de cet acabit.
Enfin, presque tous. Alex, ce petit rouquin chétif de neuf ans, enjoué et rose comme un des lutins du Pôle Nord, croyait à toutes ces histoires.
L’année dernière, son grand frère lui avait fait écouter L’exorcisme et il en était encore tout remué. Nul doute pour lui que tous les diables existaient bel et bien. Cachés quelque-part dans le voisinage. Dans les buissons.
Alex, cependant, était davantage un fardeau pour les autres que quoique ce soit d’autre.
Il était là, car « maman » voulait que Yann l’emporte. Yann, son grand frère de 15 ans, et en quelque sorte le chef de cette bande.
Il y avait aussi Kevin, grassouillet et ayant pratiquement l’air d’un adulte; ainsi que Nicolas, maigre et peu bavard, qui aurait suivi Yann n’importe où.
Ces deux derniers avaient quatorze ans tous les deux.

Nos quatre amis se tenaient contre cette clôture, et se demandaient tous quoi faire. Alex aurait bien aimé ramasser des sucreries, mais Yann, du haut de ses quinze ans, refusait d’aller faire le pitre devant toutes ces maisons afin de satisfaire son petit frère. De son côté, Kevin recevait des tonnes de sucreries chaque semaine de sa mère, maintenant séparée et vivant à l’autre bout de la ville. Nul besoin du 30 octobre pour satisfaire son appétit et son tour de taille. Quant à Nicolas, il était simplement là. Il aurait été en Transylvanie si Yann y avait habité.
Aussi simple que cela.
Ce sont des circonstances de la vie qui sont bien impénétrables. Notre groupe aurait pu, comme beaucoup d’autres, arpenter les rues en cueillant des bonbons et de la gomme.
Notre groupe aurait pu se déguiser.
Mais tel ne fut pas le cas.

« On fait quoi?
— Aucune idée. »
Kevin regarda Yann distraitement, avec une pointe d’amertume dans les yeux.
« Tant qu’à rien faire, je peux aussi bien retourner chez moi.
— Tout le monde est en train de ramasser des bonbons en ce moment, souligna Yann.
— On pourrait peut-être aller flâner jusqu'au bout du chemin Dorval ? »
Alex pâlit aussitôt. Yann et Kevin se tournèrent vers Nicolas, qui venait tout juste de proposer cette idée.
Ils étaient vaguement surpris, d’une part, que Nicolas ose proposer une idée et, d’autre part, que cette idée fût d’aller marcher dans l’endroit le plus lugubre de toute la ville d’Alma.
Yann gratta le sol enneigé de sa botte noire, puis dit rapidement : « Et qu’est-ce que nous irions faire là ?
— Mon père m’a déjà dit qu’il y avait une vieille maison tout au fond, près de la chute, grommela Nicolas. Une maison qui servait autrefois d’habitat pour les gens d’une secte religieuse. Je me demande si elle est toujours là. »
Alex cachait son visage entre ses petites mains.
Personne ne dit un mot pendant un long moment. Leurs esprits vagabondaient.
Au loin, les dernières lueurs du soleil perçaient un ciel déjà lourdement chargé de nuages.
Quelques flocons ici et là.
Un je ne sais quoi de lugubre et de fascinant à la fois dans cette scène étrange. Quatre jeunes en silence à propos du destin de la soirée, alors que la nuit tombait gravement sur cette petite route aux rares maisons.
On eut dit non pas une soirée d’octobre, mais plutôt d’un novembre fort avancé.
Une soirée d’hiver beaucoup plus que d’Halloween…

Yann regarda Kevin, puis enfin Nicolas, et dit : « D’accord. Allons-y.
— Et s’il y a encore des gens là-bas ?, demanda Kevin.
— On aura qu’à revenir ici. Les gens ont bien le droit de marcher, non ? Et puis de toute façon, s’il est vrai qu’il y a déjà eu une secte là-bas et qu’elle y est encore, alors l’on aura qu’à se convertir ! »
Évidemment, Yann blaguait.
— Je doute que des gens se trouvent encore là-bas. Papa a dit que c’était dans les années soixante-dix. La maison est donc probablement toute pourrie, ajouta Nicolas.
— Franchement Nico, demanda Kevin, depuis quand est-ce que tu t’intéresses aux vieilles maisons ?
— Je suis allé à Val-Jalbert l’année dernière !
— On s’en fout. »
Tous se mirent alors à rire.
Excepté Alex. Le petit rouquin de neuf ans était terrorisé. Mais il aimait son frère et avait grande confiance en lui. Alors il n’osa pas s’opposer à la volonté du groupe. D’ailleurs, il savait que la plupart du temps, il était un fardeau pour Yann. Il essayait donc d’avoir le moins souvent possible des opinions divergentes des autres. De plus, il ne démontrait jamais sa peur. Dû moins en paroles.
Car oui, il avait peur.
Et en cette heure sombre où le quatuor s’engagea dans le chemin Dorval à vélo, Alex aurait pu tout sauver. S’il avait seulement opposé résistance. S’il avait menacé de se plaindre à papa et maman, tout aurait été différent.

Sunday, October 11, 2009

Beatles, quelle est la meilleure version?


Il existe en effet deux versions officielles du matériel musical consacré aux Beatles. La première, la plus répandue, est souvent associée à la Grande-Bretagne. La seconde est plus largement réservée au public des États-Unis et du Canada.
Avant d'entrer dans le vif du sujet et d'évaluer les différences notoires entre les deux produits, permettons-nous certaines remarques préliminaires.

Premièrement, il faut savoir que la version des États-Unis, abrogée US, n'est plus actuellement en production au Canada. Depuis l'avènement du CD, au début des années 90, cette version est devenue de plus en plus rarissime. Pourtant, de 1963 à 1989, c'était bien cette version qui était légitime ici. Je ne connais pas les motivations précises d'Apple et de Capitol Records, mais l'on peut croire qu'ils décidèrent de couper les coûts associés au dédoublement du matériel muscial des Beatles.
Ce phénomène est aussi le même aux États-Unis. À l'heure où j'écris ces mots, les nouveaux albums remasterisés vendus aux États-Unis s'avèrent être les même qu'ici, soit la version anglaise - ou UK -.
Reverra-t'on les albums US un jour? Rien ne l'indique...

Pourquoi y a t'il deux versions? Très simple.
La sortie des albums 33 tours aux États-Unis était souvent retardée par rapport à la sortie au Royaume-Uni. Résultat? En Amérique, plus de temps pour confectionner des albums d'une plus grande qualité, avec également la possibilité d'incorporer le matériel enregistré tardivement.
Voilà.

Albums UK
Please Please me
With The Beatles
A Hard Day's Night
Beatles For Sale
Help!
Rubber Soul
Revolver
Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
Magical Mistery Tour
White Album
Yellow Submarine
Let It Be
Abbey Road

Donc, 13 albums. En 1988, on ajouta à cette musicographie un autre album : Past Master. Cet album permettait aux fans des Beatles d'enfin écouter des titres depuis toujours délaissés par les albums anglais. Si bien qu'aujourd'hui, on considère la version provenant de Grande-Bretagne comme étant un libellé de 14 albums.
Note aditionnelle : contrairement aux édits officiels, j'ai placé Abbey Road comme étant le dernier album, plutôt que Let It Be. La raison est simple. Les chansons de l'album Abbey Road furent les dernières enregistrées par le groupe. Let It Be est paru plus tardivement, mais son matériel est antérieur à l'album précédent.

Albums US
Twist And Shout
Meet The Beatles
The Beatles' Second Album
A Hard Day's Night Original Soudtrack
Something New
Beatles 65'
Beatles VI
Help! Original Motion Picture Soundtrack
Rubber Soul
Yesterday... And Today
Revolver
Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band
Magical Mistery Tour
White Album
Yellow Submarine
Hey Jude
Let It Be
Abbey Road

18 albums. L'intégralité de la musicographie des Beatles est ici présente. Aucune chanson n'est absente. Même les chansons instrumentales figurent dans ce portrait. Note particulière : selon ma nomenclature, The Beatles' Second Album et Beatles VI sont respectivement les albums trois et sept. La raison est fort simple. Les Beatles arrivent en Amérique en 1964 avec Meet The Beatles. L'on compte donc à partir de celui-là.

Analyse :

Mentionnons, en premier lieu, que je suis tout-à-fait habilité à déterminer pour vous la meilleure version des albums des Beatles. Je possède en effet chacun des disques imaginables, autant ceux des États-Unis que ceux du Royaume-Uni. Autant en 33 tours que le matériel sur disque-compact. En fait, j'ai tout. Y compris les albums rares, les compilations, etc.

(Roulement de tambour...)

La version US gagne, et c'est sans équivoque.

Toutes les chansons sont comprises dans la version US. De plus, les albums Hard Day's Night Original Soundtrack et Help! Original Motion Picture Soundtrack ne sont pas que de simples albums mais les intégrales auditives des deux films du même nom. La chanson Help! est différente, l'introduction est plus complète. L'album Rubber Soul est supérieur à sa contrepartie provenant de Grande-Bretagne. Un son plus folk, suave, spécial.
Hey Jude, Don't Let Me Down, Ballad Of John & Joko, We Can work It Out, Paperback Writer, etc., sont toutes des chansons disponibles uniquement aux États-Unis.
En Angletterre, impossibilité d'entendre ces chansons sur 33 tours. En fait, via Past Master, c'est envisageable. Le hic? Uniquement depuis 1988. Avant? Uniquement sur 45 tours.
De plus, comme il y a plus d'albums, il y a donc plus de pochettes d'albums. Bref, l'évolution du groupe en images est plus significative.
L'expérience Beatles est davantage complète via la version US. Le son plus authentique. Le "feeling" plus vrai. Le sourire plus complet.
Aussi simple que cela.

Alors pourquoi cette version est-elle de plus en plus abandonnée?
Je ne sais pas. Probablement car la version anglaise est jugée plus authentique de par sa grande accessibilité dans le monde. Car, effectivement, la version US était limitée au marché de l'Amérique du Nord. De plus, notons que les disques en provenance de Grande-Bretagne sortaient sur le marché quelques temps avent ceux des États-Unis. Et puis, d'où viennent les Beatles?
De Liverpool.
Liverpool est en Angleterre.
Voilà, en fin de compte, l'unique explication.

Car les albums US sont meilleurs.

Wednesday, October 7, 2009

L'oubli n'est pas poussière

Pourquoi ais-je pensé à cela ce soir?
Je ne sais pas.

Nous sommes tous différents. Nous avons tous des objets nous tenant à coeur pour différentes raisons. Pour cet obscur passé, nostalgie d'évènements et de circonstances qui peuvent ou ne peuvent pas évoquer de bons sentiments.
Un souvenir accroché à ce premier baiser. Un artefac relié à cette soirée se déroulant aux berges d'un feu.
Une photo ou bien une chanson.

Pour moi, cet objet se trouve sous la poussière.
Sous beaucoup de poussière.

Imaginez ce vieux garage des années 80. Une chaumière trop petite pour y insérer une voiture, mais aussi trop grande pour ne servir que d'apentis. Une couverture fade de tôles blanches et blafardes. Une simple cheminée de fer égayée d'un sombre chapeau de sorcière.
à l'intérieur, un large bric-à-brac. Des tas d'effets accumulés au fil des ans.
Là, tout un tas d'outils divers. Dans cet autre coin, des piles de bois disposées de façon hagarde.
Des disques. Revolver sortant du lot, comme s'il avait été utilisé tout récemment. Un vélo, vieux et usé. Une tondeuse. Des matériaux divers : du bois, de la vitre, des morceaux d'acier, de l'étain.
Quelques figurines fantastiques peintes en rouge. De vieux meubles. Une horloge mode du Sacré-coeur. Une esquisse d'automne.

Tout cela sous un amas de poussière.

Il y a aussi autre chose. Tout au fond, une motocyclette. Yamaha Virago XVK 750 1983.
Elle est toujours là. Éventrée, assassinée. Meurtrie.
Il y a longtemps, nous avions tenté une restauration. Budgets manquants, tout autant que volonté; le projet a été abandonné.
Elle ne ressemble plus du tout à ce quelle fut jadis. Maintenant, ce n'est qu'un squelette disséqué. Un espèce de souvenir des ravages du temps.
Elle est pourtant toujours là. En pièces.
Il n'y a plus de roue arrière. Le siège est disparu, tout autant que le réservoir à essence; objet proéminant sur toute motocyclette.
Les pneus sont fendus. La plupart des globes sont cassés. Tout chrome a été retiré. L'échappement, jadis chromé et joli, n'existe plus. Les marchepieds sont de lointains souvenirs.
Les écrous semblent tous ternes ou accablés de rouille.
Mais elle est toujours là.

Le moteur semble intact, tout autant que le châssis. La roue avant figure toujours dans cet étrange portrait. Enfin, la devanture, composée de lumières et de cadrans, est toujours sensiblement inaltérée.
On dirait un regard. Vague et usé.
Un regard qui refuse de mourir.

Les pièces manquantes achèvent de s'oxider dans le grenier.

Mais elle est toujours là.

Cent fois mon père aurait voulu s'en débarasser. Cent fois j'ai refusé.
Elle représente trop pour moi.
Mes premiers essais à motocyclette. Mes plus belles photos. Mon permis de conduire. Mes premières escapades autour du Lac-Saint-Jean. Tous mes agendas du secondaire.
Mon père partant travailler lorsque j'étais plus jeune. Le démarreur refusant d'obtempérer. Une escapade amoureuse entre mes parents. Le passage secrêt derrière Heggins. Rashel.

La liberté.

Aucune chance que j'arrive à m'en débarasser.

J'aimerais bien être tout près d'elle. Mais à quoi bon?
Elle est patiente.
Elle sait que je reviendrai un jour pour elle.

Wednesday, September 30, 2009

Bridget-Jones

On m'a demandé cette semaine, tout bonnement, si j'écrivais un journal.
Ma réponse a été cinglante. "Moi, écrire un journal intime? Seigneur! Jamais!"

En fait, j'éprouve certaines aversions pour les gens en général qui écrivent des journaux intimes. Certes conséquence de mes relations antérieures.
Cependant, il est nécessaire ici de vous expliquer que ces antipathies ne reposent pas seulement que sur des souvenirs et des aléas disparates des jours passés. Mais davantage sur des notions simples de psychologie reliées au générique de la communication entre deux êtres.

Voyons quelles sont les raisons possibles pour écrire un journal :

1- La biographie.
(La moins commune)
La personne qui écrit un journal de cette façon transpose par écrit, presque chaque jour, tout un tas d'éléments divers bons et mauvais. Ses sentiments vis-à-vis d'un évènement nouveau, cette action qu'elle n'aurait pas dû poser, ce beau jour passé à la pêche avec son fils, etc. Le but ici n'est pas que de transposer sur papier les méandres de sa vie; mais plutôt de monter un receuil dans lequel cette personne pourra se référer à l'occasion afin de se souvenir.
Ce livre n'est ni bon ni mauvais. Il "est". Et cette personne qui écrit ce type de journal intime ne présente aucune lacune d'ordre communicationnel. Cependant, c'est un cas rare.

2- L'expiatoire.
(Commun)
Les gens qui écrivent ce type de journal intime sont accablés de lourds problèmes au niveau relationnel. Des gens qui mentent sans arrêt et/ou qui sont incapables de vivre sans changer de personnalité afin de satisfaire les autres. Ce type de journal est caractérisé par seulement de sombres pensées. Des évènements noirs, obscurs. Des sentiments d'insatisfaction. De la haine.
Les psychologues suggèrent souvent à ce type de gens, toujours accablés, d'écrire des journaux intimes afin d'extérioriser leurs sentiments. Ce processus échoue malheureusement la plupart du temps.

3- Le succédané.
(Le plus commun)
Prépondérance du négatif dans ce jounal intime. Oui il y a du positif, mais c'est en bien moins grande quantité que les éléments maussades. Ce journal s'attarde en grande partie aux épisodes affectifs. Et il est, dans la plupart des cas, le pire ennemi de toute relation amoureuse.
Les gens qui écrivent ce type de journal fuient les situations conflictuelles. Ils sont très sociables en général, mais peu aptes à extérioriser leurs sentiments dans les relations de couple. En bref, ils ne communiquent pas.
Ils se servent du journal intime comme d'un échappatoire relationnel. ils écrivent plutôt que de s'exprimer. Ils se cachent au lieu d'affronter l'autre. À force d'écrire, ils viennent à croire qu'ils sont capables de bien gérer les situations de crise. Ce qui, évidemment, n'est pas le cas. Envers l'autre, ils ne disent rien. Au journal, ils disent tout.
Ces personnes se servent du journal intime comme d'un toxicomane se servant de drogues. Pour fuir, pour éviter.
Enfin, ces personnes rejettent toujours la faute sur l'autre.

Voilà pourquoi je suis peu enclin à aimer les auteurs de journaux intimes. Et notez que j'ai écris cet article en collaboration avec une amie à la maîtrise en psychologie.
Alors, pensez y la prochaine fois où vous coucherez vos mots sur le papier. Demandez-vous qu'elles sont vos motivations, et s'il ne serait pas plus sage d'affronter la réalité...

Sunday, September 27, 2009

Suspisious minds


"Moi, le monde, je veux pas savoir d'où ils viennent. Je veux savoir où ils vont.
Le monde, ils peuvent être blancs, jaunes, noirs, mauves, bleus avec des pitons jaune-oranges; je m'en caliss. S'ils veulent se battre avec moi, c'est mes frères. Alors, on n'est pas des racistes. Il faut arrêter de toujours s'excuser.
Le problème est bien simple : le Québec c'est un pays conquis et annexé par la force. Conquis par la force des armes en 1760, puis annexé par la force avec l'Acte-d'Union, en 1840.
La Confédération, c'est juste la suite de l'Acte-d'Union.
Donc le peuple québécois est un peuple soumis, un peuple vassalisé, un peuple inféodé à un autre."

Pierre Falardeau

Wednesday, September 23, 2009

Durham, mission accomplie!

Durham n'aura pas eu à provoquer l'assimilation des Canadiens-français en sol d'Amérique. Non.
Il n'aura eu qu'à attendre.
Les Québécois se sont chargés eux-mêmes de cet ambiteux projet. Pas tout-à-fait.
Les Montréalais plutôt.

Vous comprenez où je souhaite en venir? Non, non. Pas à Pierre Vadeboncoeur. À Louise Harel.
Cette ex-ministre du PQ. Responsable des fusions. Plus long règne de longévité chez une femme sur la colline, à Québec. Vous vous souvenez, maintenant?

Louise Harel brigue les suffrages à la marie de Montréal.
Cette métropole du Québec, assujettie à Charles XXIV et à sa dame. À la "Cosa Nostra" de l'asphalte et des Komatsu 750. Aux compteurs d'eau ne comptant que les billets de cent.
Aux enfants-de-coeur de Montréal-Nord. Deux piastres soixante-quinze pour se rendre à une des deux stations Laval.

Levez la main, étourdis.
Mes voisins sont de sombres ignorants. Pas tous, évidemment. Et mon intention n'est point de blesser. Analysons, simplement.

Il y a trente millions d'habitants à New-York. Est-ce que cette ville est multiculturelle? Oui.
Autant que Montréal? Absolument. davantage, même.
Disons que le principal recteur de l'ordre civil de New-York se nomme : "maire".
entendons-nous là-dessus.
Ce "maire" ( je sais, je suis un peu cynique), a-t'il besoin de s'exprimer en anglais, espagnol et mandarin pour oser se présenter à la mairie?
Certes non.
C'est qu'il est idiot, peut-être?
Certes non.

Louise Harel n'a pas à participer à un débat en anglais. Les anglophones de Montréal devraient plutôt s'acheter un dictionnaire de traduction. Montréal est une ville francophone. Vérifiez la charte, sombres étourdis.

Je heurte vos âmes et consciences? Qu'en ais-je à foutre? Montréal est une ville francophone. Supposée, dira-t'on.

Par ailleurs, on dira également qu'il est important de s'ouvrir vers le reste du monde. En effet. Mais à quel prix? Au prix de perdre ce qu'il reste de nous?

Hissons l'Union-Jack sur la place Ville-Marie. Allons! Pourquoi pas!

Seigneur!

Vivement le retour des ultramontains...

Saturday, September 19, 2009

La revanche de Pierre Laporte

D'emblée, précisons certains détails. John Locke, père du libéralisme, Jugeait légitime le droit à l'insurrection. Droit acquis et nécessaire lors des abus de la gouverne. Lorsque le gouvernement de la Nation affame ses citoyens, lorsqu'il usurpe le pouvoir ou bien pose des actes immoraux; il est bon de voir la populace se soulever.

Ce fait nous amène à certains questionnements.

Peut-on affirmer que le monde politique a bien changé depuis le XVIIIe? Peut-on considérer que cette notion de "soulèvement populaire" est différente du temps de Mirabeau? Est-il aussi aisé aujourd'hui de se soulever contre les pouvoirs établis?
Non
J'y reviendrai.

De plus, il est nécessaire d'établir distinction entre rébellion et insurrection. Le premier terme fait référence, comme le dit si bien Hugo, au soulèvement d'un petit nombre contre la majorité. Le second, la révolte des multitudes contre une minorité.

Une rébellion précède toujours l'insurrection générale; la révolution.

Avant Robespierre, il y a eu Danton. Avant Danton, il y a eu Camille Desmoulins. Plus avant encore? Jean-Sylvain Bailly.
Avant la prise de la Bastille, il y a eu le jeu de paumes.

La rébellion est donc toujours la genèse de l'insurrection. Les "radicaux" sont toujours les précurseurs des changements politiques. Merci, Derriennic.

Voilà.

Ne vous méprenez pas. Il est beaucoup plus diffcile de soulever les masses de nos jours. Et ne comparez jamais le Québec des années 70, avec la France de Mai 1968. Des années lumières de pressions sociales et de soulèvements divers nous distinguent.

Le FLQ est-il une rébellion ou une insurrection? C'est certes une rébellion. Point de doute là-dessus.

Il a également été un des éléments disparates menant au référendum de 1980.

À ce point, il est important d'expliquer certains détails pour ceux d'entre-vous qui ne vous fiez qu'au "Allo-Police". Notez également qu'il n'est pas défendu de fréquenter les bibliothèques afin d'assainir vos esprits.

Le FLQ était composé de plusieurs dizaines de cellules indépendantes. N'importe qui pouvait se réclamer de cette affiliation. Aucun contact d'aucune sorte entre les membres. Aucun plan d'action commun. Que le sigle.

Meurtre? Seul Chénier. En fait, cela n'est même pas exact.
Aucune préméditation. Laporte mangeait du très bon poulet. Il s'est lui-même tué par strangulation en tentant de s'échapper, alors que ses bourreaux étaient absents.

Bref, le Parti libéral du Québec est dans l'erreur. Je ne cherche pas à "légitimer" les actions du FLQ, croyez-moi. Mais force d'admettre que ce mouvement a eu des conséquences importantes sur la suite des évènements. Il est aussi très méconnu.

Revenons. Qui sont les gens qui forment le PLQ?
Des délaissés de l'asphalte sous Duplessis. Des amis de Taschereau. De riches anglophones. Des francophones qui bénéficiaient allégrement de l'anglicisation du Québec durant les années soixante et soixante-dix. Des membres d'Alliance Québec. Tout un tas de retours d'Europe.
Il y a aussi des indécis. Des gens qui votent comme la "famille". Et, évidemment, des sous-scolarisés. Où sont les châteaux-forts du PLQ? Westmount. Pointe-Claire. Beaconsfield.
Réfléchissez un peu.

Jean-Charest refuse de s'excuser?

Cela démontre seulement à quel point certains hommes politiques sont déconnectés de la réalité. Comme quoi certains ne désirent seulement qu'une nouvelle "bonne" élection.

Oui, il a tord. Sinon, nous devrions vite sceller d'obscurantisme toutes les grandes avancées de l'Occident. À l'index, la France de 1789. À l'index, la Magna-Carta.

Bravo, Parti libéral du Québec!

Friday, September 4, 2009

Ticket to ride!

À minuit ce soir, il ne restera plus que trois petits jours bien longs avant l'arrivée de "The Beatles : Rock Band".
Trois jours avant d'avoir la chance de danser et de chanter mes chansons préférées des Fab Four, muni d'une réplique plastique de Harrison : la guitare Dretsch Duo Jet.
Bon sang, je crois que j'ai attendu ce moment toute ma vie!

Quand j'étais plus petit, il m'arrivait souvent de faire jouer Rubber Soul en m'imaginant être John Lennon en personne. Je fermais alors les lumières du sous-sol, allumais mon stroboscope trois couleurs, et tournais en rond entre la bibliothèque et le poële, tout en chantant de grands succès tels Ticket to ride et While my guitar gently weeps.

Tout ne change pas dans la vie, fort heureusement.
Je me promets d'accomplir à nouveau ces rêveries adolescentes, mardi soir. Dès que je serai revenu ici. Avec, évidemment, une copie PS3 du jeu. D'ailleurs, je devrai sortir mon appareil Sony de sa boîte, qui est resté inutilié depuis environ un mois.

Donc, vous pouvez nommer cela de la hâte, ou du fanatisme; comme bon vous semble.
Reste que j'aurai bien du plaisir ce mardi!

*Updates*: Mon nouveau roman - nouveau est un terme complexe puisque je n'ai rien publié jusqu'à présent - est bien en marche. 15 pages déjà. Cela peut sembler peu, mais il faut savoir que je n'ai du temps que le soir et que je dois faire un travail colossal de recherche et de préparation afin que mon projet soit crédible.
Si vous souhaitez lire les premières pages, n'hésitez pas à me le demander! Vos commentaires sont tous très appréciés!

Saturday, August 29, 2009

Un dromadaire sur le pont Jacques-Cartier

Alors voilà, c'est terminé! Enfin.

Selon mon père, tout s'est déroulé de façon convenable. Mon ex, évidemment, était présente pour superviser les travaux. Mes biens semblent, au premier regard, intègres. J'ai même eu droit à un cadeau! La figurine officielle de la pendaison de crémaillère sur pie IX. Un horrible sourire vert délégué directement par sa meilleure amie! Yay! Poubelle!

"Kill Bill" à la télé? Of course!

Alors, si je suis chanceux, je n'entendrai plus jamais parler d'elle.

Quatre fois des relations avec des gars qui sont responsables de tout? Quatre fois elle n'a jamais rien à se reprocher? Quatre fois elle se venge de façon démesurée? bon sang, c'est de la malchance ça! Heureusement, ce n'est plus mon problème. Je ne suis pas chirurgien-plastique, alors, franchement; notre relation se termine ici.

Good!

J'ai assez souffert pour entériner les mensonges d'une aristocrate surprotégée. tu disais? Un dossier caché?

Bref, maintenant, pensons de façon positive. Katryne est vraiment extra! J'ai tous mes trucs. Il ne manque que de la peinture! (Et une piscine, un jour!)

Pour ceux qui savent lire entre les lignes :
Maintenant, j'ai tout le temps du monde. J'ai vraiment tout le temps du monde...

Sunday, August 23, 2009

Souvenirs!

Je précise que ce billet s'adresse particulièrement à mon frère.

Durant mon bref retour chez mes parents, j'ai eu l'occasion (la volonté également) de "tomber" dans la boîte de photographies. Je ne sais trop pourquoi. Probablement histoire de me rappeller tout ce qui avait été perdu. Au début, de très vieilles photos. Moi, tout blond, tentant d'explorer les coins sombres de la chambre de bain. Des photos du marriage de mes parents. Des photos de mon père, tout barbu, travaillant à la Baie-James.

Et voilà. Une photo de mon frère avec le Grand-Schtroupmf. À roulettes. Bon sang qu'il le voulait celui-là! De beaux souvenirs, franchement. Mon frère me suivant, pas-à-pas, dans l'espoir d'obtenir la figurine si convoitée. Un grand sourire sur son visage. Et moi, véritablement trop stupide pour lui laisser.

En tout, j'ai gardé une quarantaine de photos. Des souvenirs disparates. Mais tous de bons souvenirs.

Le destin fait bien les choses. Je réalise que je n'ai absolument aucun souvenir des instants tristes de ma vie. C'est probablement mieux comme ça.
Sans photos, il est beaucoup plus facile de passer à autre chose. D'ailleurs, tout se déroule très bien. Bizarrement, vraiment trop bien.
Mes problèmes d'estomac sont disparus. Et quoique je garde une certaine tristesse, je sais maintenant que la communication est ce qui est le plus important dans la vie.

Et ça, je n'aurai jamais besoin d'aucune photo pour m'en souvenir.

Wednesday, August 19, 2009

Un classique de Phil Collins!

How can you just walk away from me,
When all i can do is watch you leave
Cos we've shared the laughter and the pain and even shared the tears
You're the only one who really knew me at all

So take a look at me now, oh there's just an empty space
And there's nothing left here to remind me, Just the memory of your face
Ooh take a look at me now, well there's just an empty space
And you coming back to me is against all odds and that's what i've got to face...

La revanche des insectes

Franchement, peu de bons souvenirs à relater en ce qui a trait à ma vie de bohème. Peu de faits cocaces. Que de la misère. Et beaucoup de souvenirs.

La première nuit, un "squigee" m'a demandé des sous. Je lui ai répondu que j'étais comme lui, ce soir-là, à la rue. Il m'a jeté cet étrange regard. À la fois compatissant et déçu. J'ai fondu en larmes. Tout simplement.

Sachez que je n'ai aucune intention de vous relater tout ce qui s'est passé mes deux dernières nuits à Montréal. Même si je me crois assurément écrivain hors-pair, je ne trouverais sans doute pas les mots pour expliquer justement une situation aussi pénible.

Imaginez-vous marcher, au hasard des rues. Sans savoir où aller. Sans savoir quoi manger. Épuisé. Las. Triste. Voilà. Ajoutez à cela une condition physique déplorable. La première nuit, un lit de mousse verte. Avec son lot d'insectes carnivores tournant autour de moi. La deuxième nuit, Un centre de refuge. Des seringues vides et une crasse, ma foi, complètement indescriptible. Ho, et puis encore une fois des insectes. Des punaises de lit. Trente-deux piqures sur tout mon corps.

C'était trop. Le lendemain, six visites en colocation dont une avec une fille cool amatrice de mangas et de jeux vidéos. Un retour sur pie IX histoire de récupérer certains trucs : ma brosse à dents, des chandails sales et : mon razoir électrique. Cri de joie. Il me manquait tellement!

Dès-lors, billet-retour pour le Lac-Saint-Jean.

Mon aventure est très maussade, je le conçois bien. Mais, croyez-moi, vous ne pouvez saisir à quel point cette aventure a failli me faire perdre l'esprit. Je n'avais jamais vécu autant de souffrances dans toute ma vie. J'étais privé, simplement, de toute dignité humaine. De tout pouvoir de rebondir.

Et puis je me suis demandé mille fois ce que j'avais bien pu faire d'aussi méchant pour bénéficier d'un tel traitement. Aucune réponse. Je suis coupable d'avoir été sur le chômage pendant un mois et demi. Coupable d'avoir fait la moue à mon ex car elle ne m'a pas consulté pour l'achat d'un GPS.
C'est tout.

Non, il n'y a vraiment rien d'autre.

D'ailleurs, je n'ai jamais eu l'occasion d'avoir une véritable discussion avec elle. Mais ce qui est certain, c'est que je ne méritais pas une telle éviction. En fait, j'aurais dû prévoir. J'aurais dû savoir. Elle avait déjà mentionné maintes fois qu'elle devenait toujours très méchante avec ses ex.

Très méchante? On peut dire davantage.

Maintenant, beaucoup reste à faire. Mes parents ne sont pas en mesure de m'aider, puisqu'ils éprouvent déjà une situation financìere très difficile. Je ne sais pas par où commencer tellement ma situation est périlleuse. Mais je trouverai. Que dire d'autre?

"La guerre est un processus d'échec. L'échec de la voie raisonnable des pourparlers et des négociations."

Un gros merci pour l'appui de Spounz, Marianne et Leiby. Les gens ne sont pas tous mauvais...

Sunday, August 16, 2009

La chute

Cela devait se produire un jour. Inévitablement. 1977, Debby Boone : "You light up my life..."
Foutaise. Et voilà, je suis à la rue. Dehors. Itinérant. Rien pour me laver. Le même linge depuis 4 ou 5 jours. Je n'ai plus jamais faim. Je remercie d'avance ceux qui m'ont hébergés cette dernière semaine. Mais je devais partir et préserver ma dignité. Je préfère donc dormir dans un parc que quémander tel un voyou.

Qu'est-ce que je vais faire? Aucune idée. Peut-être retourner à Alma chez mes parents. Mais seulement lorsque tout le reste aura échoué. J'ai toujours de l'argent. Assez pour me loger. Le seul problème est que la plupart des endroits visités demandent une caution de deux loyers. Que je n'ai pas. Si j'arrive à ne pas manger pendant encore deux semaines, j'arriverai à avoir assez d'argent pour me trouver une chambre en colocation.

Et puis j'attends des nouvelles sous peu de la colocation que j'avais prévue au départ, alors que je résidais toujours sur pie IX. J'aimerais bien pouvoir m'y rendre plus tôt.

Pour le reste, je n'ai pas encore contacté mon ex. J'ai vraiment peur d'elle et de ses parents. De ses menaces non voilées, et de ce qu'elle a pu faire de mes trucs personnels. J'ai menacé de la poursuivre, mais je sais bien qu'elle s'en fou. Sa famille et elle sont si riches qu'ils vont préférer me ruiner complètement; me briser en tant qu'homme, plutôt que d'arriver à un arrangement.

Peut-être est-ce que tu lis ces lignes? Merveilleux alors. Tu peux sourire à volonté. Tu as réussi à me détruire complètement. Yay!

Prochain mouvement : aller vérifier si l'Église romaine peut m'acceuillir et si elle aide vraiment les plus défavorisés. Sinon, je choisirai mon parc. Et je regarderai le ciel toute la nuit en me demandant ce que j'ai pu faire de si incroyable pour mériter un tel chatîment.

Demain après-midi, je reviendrai ici, à la Bibliothèque Nationale du Québec, pour vous tenir au courant de ma première nuit en tant qu'itinérant. De beaux récits en perspective...

Friday, August 14, 2009

Hail Mary!

Lorsque tout espoir est perdu, lorsque tout s'écroule autour de soi; il y a toujours une dernière chance. Au football, se jeu se nomme le Hail Mary. Une longue passe désespérée. Un dernier cri de guerre. Le soldat usé et las qui se lève une dernière fois pour affronter son rival.

"No one knows what it's like, to be a sad man..."
- The Who
"Le coeur d'un homme est plus rocailleux qu'un sol acide."
- Stephen King

Hier soir, après maints téléphones au service de police de Montréal et à la régie du logement, j'en suis venu à cette conclusion : la Loi et la Justice ne peuvent rien contre un individu(e) complètement aveuglé par la haine et l'esprit de vengeance. Aussi simple que cela. Ahhhh, que c'est beau toute cette aristocratie aux valeurs factices et rutilantes Jaguars. Les domaines de cent acres et les pots-de-vins. Bon sang, j'adore!

Donc, il fallait que je sorte. Go-go dans le quartier latin. Quelques prostituées. Quelques Pimps. Un noir tout bardé de reluquats me traitant de "fucking asshole". Et puis, ce québécois qui me suggère de me rendre au St-Élisabeth. Un bar sur le coin du même nom et de la Sainte-Catherine. Coup de foudre. La plus belle terrasse que j'ai vu de ma vie.

Un endroit magique. Un bar sombre, noir. Une arche au fond du mur. Passé cette arche, nous sommes dehors, dans un lieu oublié et perdu des âmes. Une grande terrasse fermée et délimitée par de fantastiques hauts-murs style Moyen-Âge. De grands arbres qui montent jusqu'au ciel.

Il n'y avait pas de Cointreau. Mais du Bon Rhum. Très bon même. Une demoiselle m'a même payé un verre!

J'ai trouvé un contact pour travailler dans le domaine de la radio. J'ai reçu de beaux sourires, et j'ai rencontré un amateur de vins et ex résident d'Oka. Enfin, je suis sorti de là tout éméché.

Au mcdo, histoire de contibuer à la regénérescence de mes gras saturés, j'ai participé à un échange qui est devenu rapidement très agressif. Un homme de trente ans peut-être se commande un Big-Mac. Six pieds deux, facilement. Une longue chemise noire. Imposant.
Il discute aux jolies serveuses en anglais. Je le laisse commander et vais le voir.

"You should talk french, man. Sorry, but we are not in Great Britain Here. Gotcha?"

Il me répond qu'il parle en englais pour parler dans la même langue que les serveuses. Or, c'était faux. Les serveuses étaient aussi francophones que Gilles Vigneault. Je vais m'asseoir.

Voilà qu'il vient à ma table. À deux pouces de mes frites bien dorées. Et là, le con, se met à me parler français.

"Ne me dit jamais comment parler, espèce d'imbécile. Je ferai bien ce que je veux. Fucking frenchie! Tu cherches des problèmes?" Notre ami va brandir les poings. Je vais reçcevoir une baffe, question de temps.

Je me retourne vers lui et je ne trouve rien de mieux à dire que : "Dans ton pays, il apprennent aux gens à se brosser les dents?"

Complètement héberlué de ma remarque, notre gaillard retourne s'asseoir. Un groupe de jeunes gens provenant de l'Ontario se mettent à pouffer de rire. Ils partagent mon avis et se forcent pour parler français ici. Merveilleux. Un débat généralisé éclate au mcdo St-Denis. Tout ça à cause de moi.

Bon sang que c'est beau Montréal!

Bon, au lit alors. Demain, station Angrignon!

Sunday, August 9, 2009

Hochelaga/valse de la pizza

Alors, que faire un samedi soir? Pourquoi ne pas en profiter pour vaincre certaines de ces peurs? Affronter ces phobies? C'est ce que j'ai fais, enfin, en me rendant dans le quartier Hochelaga/Maisonneuve il y a tout juste quelques jours.

Débutons par une certaine mise en contexte.

Après une journée de fou samedi, pendu à mon ordinateur et à mes lettres de présentation, je cherchais quoi faire. Je naviguais entre les possibilités d'aller marcher sur René-Lévesque, ou bien me retrouver sur une terrasse bondée du quartier latin. Ces deux options impliquaient clairement des activités en solitaire. Je ne pouvait m'y résigner.

Rencontre fourtuite aidant, très joli sourire d'ailleurs; je me suis retrouvé aux Francopholies. Beaucoup, beaucoup de gens. Une musique presque sympathique. Des odeurs de hot-dogs cotoyant les rires gras d'hurluberlus plutôt éméchés.
La fête quoi!

Me lassant rapidement de cetta ambiance musicale très lourde, je proposai à ma partenaire de soirée de marcher; discuter. Évidemment, comme seuls les gens intelligents arrivent à le faire. Ironie? Maybe!

Et j'ai découvert le quartier Hochelaga/maisonneuve. Station préfontaine, autour d'Ontario.
Subitement, c'est-là, dans ce quartier jugé très longtemps malfamé et ténébreux, que j'ai découvert une certaine vérité : les gens éxagèrent beaucoup trop, moi le premier. Oui, ce quartier n'est pas très riche. Évidemment, il y a parfois des pleurs d'enfants. La pauvreté attire son lots de problèmes, de criminalité. Mais de là à avoir peur de fréquenter un tel endroit, il y a un pas à franchir.

Côté architechture, l'endroit est plutôt sympa. Un coin qui me rapelle vaguement le quartier Limoilou à Québec. Les appartements sont tous pareils; trois étages de briques rouges cerclés d'antiques escaliers de fer. Des patios au bois pourri, certes; mais également de beaux grands arbres. Et des gens vrais. Beaucoup d'étudiants également. Une opposition drastique au West-Island et à l'île-Bizard. Une opposition aux valeurs factices des plus riches. De leurs robinets italiens et des magrets de canard à cent dollars.

Bref, j'ai bien aimé.

J'ai réalisé certaines choses ce soir-là. Entre-autres, que les plus grandes histoires d'amour se batîssent souvent autour de deux valeurs particulières. L'honneteté, et la confiance. La confiance se construit petit-à-petit sur les bases de l'honneteté. Tout simplement.
être honnête envers quelqu'un n'est pas si simple. Il faut, en premier lieu, assumer qui l'on est. Tout son être. Donc, logiquement, reconnaître ses tords. Discuter avec l'autre des points litigieux. Je dis bien discuter. Non pas imposer. Ni se plaindre sans cesse, d'ailleurs.
Enfin, il est extrêmement important de prendre les décisions à deux. Toutes les décisions.

Donc, un échec sur toute la ligne. Un échec qui avait été planifié depuis longtemps. Donc, de la manipulation.

Une mauvaise personne? Malheureusement.

Sur une note plus positive, je vous confirme que j'ai eu l'occasion, par deux fois, de déguster l'incroyable régal culinaire de la pizzeria sur Saint-Denis, quartier latin. Je ne me souviens pas du nom exact de l'endroit. Je crois que c'est simplement : "pizzeria".
Allez y faire un tour! Four à bois, ambiance italienne et terrasse à couper le souffle. À deux pas du cinéma.

Pensée du jour : " un âne ne retombe jamais dans le même trou..."

À bientôt!

Friday, August 7, 2009

Day 3 après le déluge.

Vous savez, depuis que ma vie amoureuse et sociale s'est écroulée comme un jeu de cartes, j'ai pris beaucoup de temps pour réfléchir. Premier constat : il y a beaucoup de trucs à faire. Évidemment, la recherche d'emploi figure tout au haut de la liste. Et depuis un bon moment déjà, je m'y consacre avec toute mon énergie. Les résulats ne sont pas encore là, mais dû moins, les efforts y sont. Je commence même à me plaire à faire des CV et des lettres de motivation....
*sigh*

Le citron du jour : les mauvaises indications de la station de métro Longeuil-Université-de-Sherbrooke.

J'ai également enfin reçu ma carte "Accès-Montréal". Et la coupe Rogers qui débute en fin de semaine. Donc, des rabais intéressants. J'ai déja hâte de voir si Federer sera en mesure de battre Nadal...

Thursday, August 6, 2009

Mes débuts à Montréal

J'ai composé ce texte il y a un mois. Il est très loin d'être terminé. Mais je tenais tout-de-même à vous faire profiter de ce début, aussi chétif soit-il. Bonne lecture!


J’ai toujours cru que Montréal était une île. J’avais à la fois raison, et à la fois tord. Montréal est une île. C’est bien le nom que l’on donne à cette région géographique particulière. Mais la « ville » de Montréal n’occupe pas toute la superficie de cette région géographique. De cette île.
Malheureusement, le gouvernement du Québec a failli à sa tâche de transformer cette communauté urbaine en véritable métropole unifiée. Le gouvernement libéral de l’époque, majoritairement constitué d’hommes d’affaires et d’économistes peu scrupuleux de l’avenir du Québec, n’a pas cru bon laisser en place les fusions amorcées par le Parti Québécois. Notons que le parti libéral est constitué allégrement de gens qui prient chaque jour le verbe anglais, à genoux sur un vert tapis de mousseline. Évidemment, tournés vers l’Ontario et Trudeau.
Probablement que Bourassa s’est maintes fois retourné dans sa tombe, maudissant ses anciens collègues de Westmount et de Pointe-Claire. Car oui, le Parti Libéral a oublié que le premier mandat d’un ministre et d’un député était d’œuvrer pour le bien de la collectivité et non pas dans la démagogie afin de se faire élire. Nonobstant, le mal est fait. Et beaucoup de Québécois, au joual facile et la bière tiède, n’ont jamais pris le temps de comprendre les avantages d’une ville de Montréal unifiée.
Alors?
Montréal occupe la majorité de l’île de Montréal. Le reste est constitué de banlieues et d’arrondissements ultra-riches qui se foutent bien du petit peuple. Ais-je mentionné que ces banlieues sont plus anglophones que le reste? Voilà, c’est fait. Les Anglais se foutent bien des Français. Et l’argent se fou bien des pauvres. L’évergétisme est mort. Sa comparse, la charité; ne travaille pas le dimanche.
Alors?
Je m’étais trompé. Montréal demeure, dans ma tête et à l’extérieur de celle-ci : une seule ville. Dans les faits, c’est une ville qui n’a pas su s’adapter au XXIe Siècle. Contrairement à Toronto, Mexico et New-York, nous, au Québec, on aime bien ça se diviser entre-nous et rester archaïques le plus possible.
Mais qu’a-t-on à en foutre « anyway »? Au Québec, on préfère davantage s’écraser que de s’affirmer. Héritage colonial. Du sang de mégère. La Loi 101, à Montréal, n’est pratiquement qu’une farce. Mais où est le problème? Il n’y en a pas. Au Québec, on préfère dire que les communautés ethniques apportent beaucoup de choses à la société… Bizarre, New-York est encore plus cosmopolite que Montréal. Et jamais aucun New-Yorkais n’aura pensé à dire une telle absurdité. Bizarre.
Alors?
Continuons de nous suicider, de préférer l’emploi de la « miss » en décolleté flagrant et jupe rase-mottes; à la famille et aux valeurs qui font progresser les peuples.

Alors voilà, j’habite maintenant Montréal. Depuis quelques semaines. Je demeure dans Rosemont-La-Petite-Patrie. Vue sur le Stade et feu les expos. Vue sur Rachel, Sherbrooke, et les Hells d’Hochelaga. Un quartier francophone, vert, et rempli de cordes-à-linge. J’adore. À quelques pas du métro Pie IX. À quelques pas de la rue Mont-Royal.
Demeurer à Montréal avait toujours été pour moi un rêve. Et maintenant que j’y suis, je crois participer à quelque-chose. Je me sens plus important. Utopie? Certainement. Demeure que j’adore cette ville, et que je la déteste en même temps. Cette mégapole qui se fou bien des origines. Cette ville qui se prend pour une autre. Qui voudrait bien ignorer les autres.
Et ces autres, c’est moi. Mon voisin, l’épicier, le gars de la librairie. Tous ne viennent pas de Montréal. Beaucoup viennent des régions. Beaucoup viennent aussi du Congo, de Sicile, de n’importe où. Dans ce dernier cas, ils oublient qu’ils sont d’ailleurs, et en profitent pour nous imposer leurs coutumes. Tandis que ceux des régions, comme moi, semblent oublier que tout n’est pas Montréal. Dénaturalisation? Peut-être.
Moi, je n’ai aucune intention d’oublier. Et je ne serai jamais un « retour d’Europe ». Le monde est grand, certes. Nulle nécessité de diminuer le Québec pour aimer l’international. Compris, banlieusard obnubile de Beaconsfield?
Je suis arrivé en plein dimanche. Des tonnes de boîtes de carton. Des vis et de la poussière. Tout le tra-la-la. Après avoir reconstitué le sommier, je me suis retrouvé le nez dans une poutine champignons et saucisses hot-dog à la Banquise, rue Rachel. Un must que je suggère d’ailleurs à tous. Une bonne idée de manger, parfois. Surtout lorsque l’on a travaillé fort, et monté tout plein de meubles IKEA...

Dead Space, Garmin & pendaison de crémaillère

Tout un tas d'éléments disparates, je sais.
Pourtant, il y a un lien très évident. Pernicieux.

Me voilà donc à Montréal. Enfin. J'y habite depuis maintenant deux mois, c'est vrai. Mais tout commence aujourd'hui. Comme si les deux derniers mois n'étaient en fait qu'un prélude. Le détachement complet et conçis d'une bizarre ancienne vie. Étais-ce bien moi qui demeurait dans ce bloc adjacent à Pie IX? Bonne question. Probablement pas.

Pourtant, j'y suis toujours. Mais beaucoup de choses sont différentes maintenant. Évincé alors?En quelque-sorte. Un batême après le carême. Voilà!